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Comment je suis venue à la politique

J’ai vécu à la campagne toute mon enfance et une partie de ma jeunesse. Le bourg était composé pour l’essentiel de fermes (petites et moyennes), sans oublier les artisans et quelques petits commerces. Je suis née dans une famille nombreuse (neuf enfants). Ma mère était souvent malade et mon père peu assidu au travail. Les enfants plus jeunes étaient pris en charge par les aînés. Enfants, nous participions aux travaux des champs. Ainsi, nous gardions le troupeau de vaches d’un fermier pour quelques piécettes que notre père empochait. Je me souviens que le fermier nous donnait un quignon de pain pour le chien de berger, lequel quignon finissait presque toujours dans notre estomac affamé. Nous aurions pu nous retrouver à l’assistance publique mais nous sommes restés tous ensemble. Dès mon enfance, j’ai pris conscience qu’il existait différentes couches sociales qui posaient le principe de l’inégalité. Pourquoi, par exemple, certains ont à manger tous les jours sans se soucier du lendemain et d’autres non ?

L’école publique a été la grande chance de notre enfance. Elle nous a instruits et préparés à affronter la vie. Du fait de l’absence du rôle éducatif de nos parents, seuls nos instituteurs nous ont inculqué outre l’instruction de base, le sens des valeurs fondamentales que sont le respect, le sens du travail, etc. Tout ceci constitue un socle qui nous sera utile toute notre vie et qui, en ce qui me concerne, ne sera pas étranger à mon intérêt pour la politique (en particulier mon intérêt pour la vie publique, l’intérêt général).

Mon instituteur a favorisé mon départ d’abord au lycée technique (formation de secrétaire, CAP), puis en m’orientant vers une société d’assurance dans la ville voisine où j’ai fait toute ma carrière dans le secrétariat. J’y ai continué à me perfectionner professionnellement. C’est dans ce cadre professionnel que j’ai entendu parler pour la première fois de syndicalisme et de politique. Il n’y était question que de “syndicalisme maison” où l’on n’abordait aucunement les problèmes généraux de la société. A ce moment de ma vie et dans ce contexte (la prospérité s’affichait partout), il était de bon ton “d’être de gauche”. On parlait “droite”, “gauche”, le communisme étant mis au ban de la société. Dans mon entreprise, les communistes étaient peu nombreux, ignorés, voire même méprisés. La politique me semblait alors peu importante. J’étais dans “ma petite bulle”. Puis, ma découverte des conflits sociaux — qui n’ont fait qu’empirer — m’a fait revivre le sentiment d’injustice sociale de mon enfance. J’ai donc commencé à comprendre que la prospérité — réelle — de notre entreprise ne correspondait pas à la situation générale, et qu’en fait rien de fondamental n’avait changé. Devant la dégradation dramatique de la situation générale, mes interrogations sont devenues de véritables préoccupations. Une volonté de comprendre d’abord, d’agir ensuite, s’est imposée à moi. Bien sûr, je n’avais à l’époque aucune idée de la façon dont je pouvais contribuer à faire évoluer quoi que ce soit. À l’image de mon entourage, j’étais certes intéressée mais résignée. Mais que faire ? Et avec qui ?

Récemment, à l’issue d’une discussion politique, un ami m’a proposé un numéro de Germinal. Puis, après lecture, nous en avons longuement parlé. Cette lecture m’est tout de suite apparue comme “une mine d’informations et d’explications” auxquelles je n’avais jamais eu accès et qui me permettait de mieux commencer à comprendre la situation générale actuelle de la société : mieux comprendre le rôle et la place du capitalisme dans toutes les couches de la société, mieux comprendre que la résolution des problèmes sociaux est impossible dans ce contexte. Je dois préciser que le contenu de Germinal me semble “objectif”, ce qui est essentiel, et qu’il est de nature à instruire, à éclairer. Germinal explique, justifie ses positions, et c’est très important, Germinal, ce n’est pas une opinion parmi d’autres.

Je suis donc aujourd’hui convaincue que ce n’est pas en aménageant le capitalisme qu’on résoudra les problèmes sociaux et politiques. La politique joue un rôle très important. Seules des perspectives politiques permettront de nous sortir du “marasme actuel”. Mon niveau de conscience est encore très faible mais je compte sur Germinal pour progresser. De nombreuses questions difficiles trottent dans ma tête. Par exemple comment mettre en œuvre un autre système social ?

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