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Enquêtes 2014 – Qu’est qui ne va pas dans la société ?

Lors de discussions avec les lecteurs ou lors de réunions publiques, Germinal s’efforce de recueillir les préoccupations des classes populaires. À cela s’ajoute une collecte plus méthodique sur la façon dont diverses catégories de la population conçoivent la réalité du monde. Comme au cours des années précédentes, Germinal a recueilli dans cet objectif les points de vue de quarante-huit personnes, pour l’essentiel non lecteurs du journal. L’enquête tournait autour des trois questions suivantes 1  :

Selon vous, qu’est-ce qui ne va pas dans la société ? Qu’est-ce qui devrait changer et comment ? Pourquoi ça ne change pas ?

Le nombre de pages étant limité, on va surtout s’intéresser à la première question. Il faut préciser qu’elle portait sur « ce qui ne va pas », et non « sur ce qui va ». Il n’est donc pas surprenant que les constats négatifs dominent. Ce qui va à l’encontre de certaines enquêtes récentes sur le « le moral des Français », qui seraient plutôt portés à l’optimisme. Signalons tout de même que dans le cadre de notre propre enquête (2014), une étudiante tunisienne a le mérite de relativiser la tonalité des propos recueillis, en comparant la situation actuelle de la France à celle de son pays :

« Pour moi […] et en comparant la France au pays où j’habite [je n’ai rien à dire sur ce qui ne va pas], je trouve que c’est un pays développé, bien organisé, transports à l’heure, gens chaleureux, accueillants ».

À l’exception de ce point de vue, la plupart des réponses insistent sur « ce qui ne va pas » dans le pays. « Ce qui ne va pas » peut aussi se trouver posé dans un rapport entre un avant (où tout n’allait pas trop mal) et un présent que l’on perçoit marqué par la dégradation de l’ensemble de la vie sociale, (économie et plus encore politique). L’incertitude et l’inquiétude à l’égard de l’avenir peuvent découler de cette perception.

— La dégradation du tissu productif, la baisse de la production industrielle, la difficulté à affronter la concurrence des autres pays, le chômage, la précarité du travail, l’endettement du pays, et plus généralement l’état général de l’économie, font partie des thèmes majoritairement abordés.

— Ces problèmes peuvent être pensés dans leur liaison avec de rapports sociaux qui s’établissent entre les catégories de population, plus spécialement au regard de l’inégalité sous ses différentes formes, son aggravation, la mauvaise répartition des richesses, mais aussi des places occupées dans la société.

— Il est fait état plus généralement d’une tendance à la “déstructuration” d’ensemble de la société, des fonctions sociales, une perte de sens public, de valeurs communes. Il en découle pour certains un sentiment d’insécurité, la perception d’une montée de la violence sous différentes formes, de l’hostilité entre groupes et individus. Il est parlé de “déstructuration sociale”, de destruction des “liens sociaux“, “d’atomisation” du corps social, de sentiments de frustration, d’abandon.

— Ce thème est souvent associé à celui de la dissolution de la politique ou de sa dénaturation : perte de confiance dans les partis et hommes politiques, impuissants ou inefficaces, trop centrés sur leurs intérêts propres, coupés de la réalité sociale, incapables de dresser des orientations visant un bien général.

Les différents thèmes, à peu près également représentés, se recoupent. Par rapport à des enquêtes plus anciennes, l’idée d’un délitement du cadre de vie commun imprègne d’une façon ou d’une autre la majorité des réponses. En revanche, les problèmes mis à l’avant-scène par les medias ou certaines organisations politiques, sont peu évoqués spontanément (surtout par des individus des classes populaires). Les thèmes de l’écologie, du changement climatique, etc. sont exceptionnellement abordés sans induction. Les thèmes de l’immigration, de la religion ou de la laïcité, peuvent être abordés, mais de façon secondaire, ils ne se présentent pas comme questions principales pour exposer « ce qui ne va pas ». Les problèmes et leurs causes, sont majoritairement posés dans le cadre national et dans l’ordre du régime économique et social. L’imputation de “ce qui ne va pas” à des facteurs extérieurs (“l’Europe”, la “mondialisation”, la seule finance, etc.), n’est pas absente mais surtout formulée par quelques cadres de la fonction publique et étudiants.

 I — Qu’est-ce qui ne va pas dans la société ?

« La situation économique de la France fait peur », dit une employée. Trop de chômage, de chômeurs, « chômage de masse », précarisation de l’emploi, dévalorisation du travail, recul de l’industrie, de moins en moins de production, fermeture et faillites d’entreprises. Ces thèmes sont exposés par plus de la moitié des personnes rencontrées. Ces problèmes relevant de la base économique ne sont pas posés en les isolant d’autres aspects de la vie sociale.

L’impossibilité pour un grand nombre de « vivre de son travail » pèse sur l’existence sociale de tous :

« Le travail n’est pas reconnu à sa valeur », « le manque d’emplois nous prive d’une vie normale », « un pays où les gens ne peuvent pas vivre de leur travail, ce n’est plus une société ».

Quelques facteurs explicatifs de cet état de fait sont mentionnés : concurrence internationale, manque de compétitivité, problème de saturation du marché, charges sur les entreprises, (« les charges sur les entreprises cassent l’embauche »). La finalité même du régime économique [le capitalisme], peut aussi être posée en tant que cause déterminante : « On fait passer le profit [ou l’argent] avant l’homme ».

— « Ce qui ne va pas dans la société », c’est encore et toujours l’inégalité, une inégalité qui s’accentue, qui est multiforme, inégalité des revenus, des statuts, des moyens d’action sur la société. Ce thème est évoqué par la moitié du groupe de référence et peut être décliné en termes « d’injustice sociale » globale :

« Les inégalités se sont accentuées », « des inégalités trop flagrantes entre catégories sociales », « entre revenus », « trop de distance entre les gens », « trop de gens pauvres », « les gens modestes subissent de plus en plus, les plus riches profitent de la situation des pauvres ».

Des formes spécifiques d’inégalité sont mise en avant, celle qui se développe entre public et privé, entre catégories travailleuses liées à la production, et des catégories — pas toujours bien définies — qui se poseraient en extériorité :

« La société française s’est déséquilibrée, en gros 50% des Français payent pour les 50% restants », « des inégalités entre le monde public et privé, trop de différences entre ces deux mondes », « trop d’improductifs grassement payés qui plombent le budget de l’État », « tous ces gens veulent vivre aisément sans se fatiguer ».

L’accent peut être porté sur un mode particulier d’inégalité, celui qui s’établit entre catégories soumises à de multiples ponctions fiscales (impôts, taxes, etc.), et catégories qui bénéficient de ces ponctions : non productifs privilégiés dans la redistribution, assistanat. Ce thème est surtout développé dans les catégories artisans, agriculteurs, employés, ouvriers :

« L’État nous ponctionne énormément ainsi que la couverture sociale », « des charges, des taxes sur le travail, et, des aides sociales pour ceux qui ne produisent pas », « les gens qui ne travaillent pas profitent de l’assistanat », « trop d’étrangers bénéficient d’une aide de l’État », « l’argent de l’État est mal géré », « la distribution financière est mauvaise ».

L’inégalité plus généralement se développerait entre deux grands pôles, la majorité qui s’appauvrit, une minorité qui s’enrichit, jusqu’à la disparition des classes intermédiaires :

« Plus ils ont de l’argent, plus ils en gagnent, et de l’autre côté c’est l’inverse », « des riches et des pauvres, plus de classes moyennes ».

L’inégalité économique se présente comme étroitement liée à l’inégalité dans le domaine politique. Ceux qui détiennent les leviers du pouvoir seraient aussi ceux qui profitent des richesses :

« La classe politique du bon côté du manche », « un maximum de richesses, de pouvoir politique, décisionnaire », « d’un côté la majorité qui se débat pour vivre, de l’autre [des classes] qui profitent, qui ont les leviers économiques et politiques », « trop de privilèges au profit des politiques ».

En conséquence, ces gens-là n’ont aucun intérêt à changer l’état des choses :

« Ils sont reliés entre eux, le même milieu », « ils empochent, comment voudraient-ils changer les choses », « une fois au pouvoir, ils tirent la couverture à eux sans se soucier de nous ».

Le délitement du cadre social commun

La perception globale d’une dégradation de la situation économique du pays, l’inquiétude qui en résulte (cela “fait peur”), le fait que les citoyens ordinaires ne soient plus assurés de pouvoir « vivre de leur travail », sont assez bien partagés, de même que le sentiment que s’accentuent les processus inégalitaires en matière de revenus, de position sociale, de capacité à influer sur la vie sociale. Ces sentiments, on l’a signalé, vont souvent de pair avec l’idée d’une dégradation plus globale de la société, perte de cohésion, de valeurs communes, voire de repères moraux.

Cela peut s’exprimer par des formulations convenues : « perte du lien social », du « vivre ensemble », « excès d’individualisme », mais elles renvoient à la perception d’un processus plus général de déstructuration d’ensemble de la société, de perte de cadres et de repères :

«  On ne sait pas où on en est, pas d’informations sur les [vrais] problèmes de la société », « on n’a plus le sentiment d’appartenance à un pays », « on se sent en danger », « on a peur de l’avenir », « un sentiment d’abandon », « des questions sans réponse sur les orientations de la société », « on ne sait plus où on va », « où va la société ? » 

La référence au politique s’expose, certains parlent de « perte d’unité de vue », de « fil conducteur », de focalisation sur l’immédiat et sur des intérêts partisans, sans souci de la durée, de l’avenir commun :

« À quand une conduite linéaire permettant de voir loin et ayant un fil conducteur ! ».

La perte des “valeurs” ou leur inversion qui sont mentionnées sont imputées pour l’essentiel aux institutions politiques et aux médias, plus rarement aux individus :

« Les valeurs sociales ne sont plus transmises », « il n’y a plus de respect des gens et des choses », « il n’y a plus de différences entre le vrai et le faux », « c’est le laisser aller à partir du plus haut », « inversion des valeurs sous couvert de progrès », « la république est trahie au profit des communautés », « La télé devient de plus en plus n’importe quoi [sans rapport avec] la réalité des choses » :

Les cadres d’une vie sociale “sereine” seraient compromis : par le bas, montées des violences qui induisent une « insécurité sociale », par le haut affaissement des institutions publiques, de la justice, des règles de la vie commune :

« Tout est désorganisé », « notre vie est trop perturbée, on manque de sérénité », « la violence qui gagne », « des manifestations [de différentes catégories] trop nombreuses et douloureuses », « les services publics ne sont plus pour le public », « les forces de l’ordre sont démunies », « la santé, l’éducation vont à vau-l’eau », « la justice ne va pas », « ne fonctionne pas du tout dans ce pays », « trop de laxisme dans la justice, dans l’éducation ».

Plus qu’il y a quelques années, la question de l’individualisme, de l’égoïsme, ou « égocentrisme », semble se penser en relation avec cette déconstitution de la vie sociale. Le « chacun pour soi » ne se pense pas seulement à partir de chacun, il se développe en fonction de conditions sociales plus générales où la place de chacun n’est plus assurée, aggravant les sentiments de jalousie, ressentiment, voire de haine des uns contre les autres :

« Les gens ne trouvent plus leur place dans la société, ils sont aigris et frustrés », « il y a des frustrations, des ressentiments », « pessimisme et désenchantement », « jalousie et dégoût », « les gens ne sont pas entendus, cela entraîne la perte de confiance, une détresse sociale », « un sentiment d’abandon et donc la haine ».

Les causes de cet affaiblissement du cadre organisateur de la vie sociale peuvent être imputées à la situation économique (crise, concurrence, manque de compétitivité, “mondialisation”, “Europe”, etc.), mais le plus souvent, les critiques se positionnent dans le champ politique. Au mieux, la gestion politique est jugée « impuissante » ou « inefficace », au pire certains jugent que les politiques sont « des menteurs », « des escrocs ». On fait grief aux “politiques” de leurs « manipulations », « tromperies », qui font « qu’on ne peut plus avoir confiance ». Sans aller jusqu’à l’outrance, les intérêts propres et les visées du personnel politique se trouvent dénoncés :

« Nos politiques ne sont plus des hommes de droit, mais des businessmen », « ils pensent à leur gamelle, point barre », « la politique comme moyen de se faire de l’argent facilement en se concentrant sur leur réélection ». 

Le plus souvent, c’est l’éloignement des différents partis et hommes politiques à l’égard de la réalité, ou la vision déformée qu’ils s’en font, le manque d’écoute à l’égard de la population, qui sont mis en cause :

« Les élus politiques, quel que soit leur parti, proviennent des mêmes écoles, ils se font une idée biaisée des sociétés qu’ils gèrent », « nos politiques ne répondent pas aux attentes de la majorité de la population française », « [ils ne se préoccupent pas] des énormes soucis que nous traversons », « ce sont des acteurs en représentation pour eux-mêmes, pas des tenants, des garants, du bien de tous ».

II — Qu’est-ce qu’il faudrait pour que ça change ? : Pouvoir « vivre de son travail »,

égaliser les conditions,

changer les rapports sociaux

et la pratique politique

On ne dégage que les tendances principales des réponses à la deuxième question : « Qu’est-ce qui devrait changer ? ». Ces réponses sont en cohérence avec les constats effectués à propos ce « ce qui ne va pas ».

Ici encore, le point de vue de l’étudiante tunisienne déjà mentionnée conduit à relativiser celui des autres personnes interrogées. Par rapport aux épreuves que subit son pays, il lui semble qu’il n’y a rien à changer.

« Je ne vois pas l’intérêt de devoir changer quelque chose, parce que de cette façon-là [dans ce pays] je suis à l’aise et c’est le bonheur pour moi. »

Pour l’ensemble du groupe de référence il n’en est pas de même. De profonds changements seraient à mettre en œuvre.

Dans le domaine économique :

« [Il faudrait] redonner souffle à l’économie », « pouvoir produire en France », « développer l’industrie », « redonner du travail à la population », « valoriser le travail », « qu’il y ait des emplois », « permettre de vivre de son travail »…

Ces souhaits ou exigences sont plusieurs fois associés à l’idée d’un changement global nécessaire, ou du moins à l’idée d’une « réforme du social », donnant notamment les conditions d’une égalisation des conditions :

« Changer de société », « avoir un vrai projet de société », « changer la structure économique et politique », « changer les rapports sociaux pour plus d’égalité », « réaliser l’égalité des conditions » ; « une meilleure répartition », « empêcher que le fossé entre riches et pauvres se creuse de plus en plus », « que l’épée de Damoclès ne soit pas seulement sur le dos du peuple ».

La nature du changement à opérer peut consister en une remise en cause des rapports sociaux fondamentaux :

« Contre la loi du plus fort, des nouveaux termes pour un contrat social », « combattre la recherche du profit », « [réorganiser] sur une autre base que les critères financiers ou de pouvoir ».

Mais aussi en remettant à l’ordre du jour des valeurs civiques et morales et un principe d’unité :

« Retrouver les valeurs civiques », « la société a remplacé la moralité par la rentabilité », « reconstruire des règles de savoir vivre, des principes moraux », « remettre les jeunes dans le droit chemin », « recréer un sentiment d’appartenance », « qu’on ne fasse qu’un seul peuple ».

On constate que les changements envisagés, du moins pour ce qui semble se situer dans le domaine du possible, concernent de façon prioritaire le domaine politique : exigence d’une réforme profonde du régime politique, des partis, du personnel politique dans son ensemble :

« Changer le système politique et le gouvernement », « remettre la France sur les rails en enlevant les partis politiques de tous bords », « réorganiser les partis politiques, il y a trop de confusion [notamment entre la gauche et la droite] ».

On demande aussi aux politiques (partis, hommes) de prendre au sérieux la politique, c’est-à-dire de se centrer sur « l’essentiel des problèmes du pays », non d’avoir « la vue courte », ou de jouer sans cesse la division du pays :

« Ne pas se détourner de l’essentiel », « chercher d’abord le bien être de chacun et de tous », « il faudrait un consensus et de la continuité pour résoudre les problèmes du pays », « qu’ils cessent de se faire des guéguerres sur des sujets non prioritaires »,.

La critique de la pratique politique actuelle s’accompagne d’un souhait de changement du personnel politique, ou au moins de ses motivations :

« Les mettre à la porte », « remettre des gens capables à la tête du pays », « des gens honnêtes », « des personnes vraies », « [des individus] soucieux du bien public et non d’abord de leur carrière », « qu’ils soient concrètement impliqués dans la situation et non dirigés par l’envie de pouvoir et de reconnaissance ».

On leur demande encore plus « de réalisme » et de prise en considération des intérêts et positions de la majorité :

« Des représentants plus réalistes », « les politiques doivent redescendre au niveau de la société et l’écouter », « qu’ils se préoccupent des intérêts de la majorité ».

Cela peut impliquer que le peuple trouve la place qui correspond tant à la définition du mot démo-cratie, qu’au principe de souveraineté du peuple :

« Redonner le pouvoir décisionnaire au peuple, lui seul a la capacité de changer les choses », « redonner le pouvoir au peuple […] une constitution pour le peuple, par le peuple », « la démocratie, c’est le peuple qui doit décider »

III — L’imputation au politique, des obstacles au changement

La troisième question portait sur : « Pourquoi ça ne change pas ? ». Dans le cadre de cet article, on présente très schématiquement le contenu des réponses principales à cette question.

Ce qui s’oppose aux changements nécessaires, et possibles dans un terme plus ou moins rapproché, n’est pas imputé principalement au régime économique, bien que l’on mentionne la mise en avant de l’argent, du profit, aux dépens des besoins sociaux, la mauvaise répartition des revenus, l’inégalité sociale, l’injustice, la concurrence, les luttes catégorielles, tous facteurs qui vont à l’encontre de l’intérêt général. Le régime capitaliste en tant que tel peut être mentionné.

D’une façon ou d’une autre, pour plus de la moitié des personnes interrogées, l’imputation au politique se présente comme principale. Les motifs invoqués recoupent les thèmes déjà recensés à propos de la question II : impuissance des gouvernements et de l’État, mise en avant des intérêts propres des partis et des politiques, manque de réalisme, désintérêt pour le bien public, aggravation de la coupure avec la population. Pour quelques-uns, cet état de fait est pour partie liée à l’absence « d’une autre voie possible, émancipatrice » dans le champ politique (autre voie qui semble faire référence à un autre régime social).

L’imputation aux hommes eux-mêmes, aux citoyens, au peuple n’est pas absente : manque de sagesse humaine, individualisme, abandon au confort, à la consommation, peur du changement, manque de volonté, d’ambition, de lucidité, des citoyens ou du peuple, « peuple endormi ».

1. Le groupe de référence est composé de quarante-huit individus, regroupant pour l’essentiel des catégories populaires : ouvriers, employés du secteur privé, artisans, commerçants, agriculteurs, employés du secteur public (statutaires et non statutaires), lycéens, quelques étudiants et cadres de la fonction publique. À noter que Germinal utilise le terme de groupe de référence, plutôt que celui “d’échantillon représentatif”, terme qui suppose que les positions d’un individu soient à même de “représenter” celles d’une catégorie sociale, d’une catégorie d’âge, de sexe, etc. En réalité, nul individu ne peut véritablement représenter le point de vue d’un autre. Tout au plus peut-on estimer qu’il puisse partager avec d’autres ce qui relève de simples “opinions” portant sur des données immédiates. S’agissant d’une époque pour partie révolue, lors des échéances électorales, on pouvait estimer qu’un parti, un programme, une orientation, pouvaient se révéler à même, sinon de “représenter”, du moins d’exprimer les intérêts et visées principales de différentes catégories ou classes sociales.

 

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