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Heurs et malheurs de l’économie chinoise au cours de la crise générale du capitalisme (2008-2024)

Dans les médias, la Chine se trouve aujourd’hui sur le devant de la scène, sans que des données précises soient proposées sur sa structure économique interne et son évolution depuis un demi-siècle. Sans prétendre proposer une analyse portant sur l’évolution de cette structure (ses caractères socialistes ou capitalistes), cet article porte sur quelques aspects récents de son économie. Il a pour intérêt de montrer que cette puissance qui participe depuis quelques décennies de la logique globale du capital participe aussi aux effets de sa crise générale. Cette logique s’est imposée par étapes  : 1980-2000, entrée dans les circuits de circulation du capital et des échanges mondiaux, ouverture aux investissements étrangers, et à partir des années 2000, extension des processus qui se règlent sur la base des principes de la production et de l’échange capitalistes  : production illimitée et anarchique, s’accompagnant de surcapacités de production avec sous-capacités de solvabilité du marché intérieur, crises sectorielles et bulles diverses, dans le cadre d’une situation mondiale en proie à la crise générale.

Données économiques générales
2000-2020
Depuis les années 2000, la Chine est devenue partie intégrante de l’économie capitaliste avec une entrée pleine et entière dans la logique d’un marché mondialisé et un investissement démesuré. De 1978 à 2010, la croissance (officielle) du PIB est d’environ 10% puis de 6% jusqu’en 2019, moins après (±5%). Le PIB/ha a été multiplié par 9 en 25 ans et 745 millions d’habitants sont sortis de la pauvreté.
Durant cette période, la croissance a été financée par la dette (emprunts) du secteur public et financier, du secteur immobilier, des collectivités locales, des entreprises (publiques et privées) et des particuliers sans compter les IDE [investissement direct à l’étranger] et les délocalisations européennes qui ont industrialisé rapidement la Chine (tous secteurs, automobiles, avions, médicaments, centrales électriques etc.) et les échanges de technologies étrangères contre achats massifs de produits (avions etc.). Conséquences  : des surcapacités de production et des difficultés à vendre leurs productions dans le monde entier, bulles immobilières, fragilité du système bancaire, emprunteurs non solvables.
L’endettement s’est accéléré avec la crise de 2008 qui a, en même temps, fait baisser l’investissement. La relance massive par la dette, facilitée par la banque centrale, a visé les infrastructures. Les gouvernements locaux se sont endettés de 13,7% du PIB en 2014 à 34,8% en 2018 ce qui a entraîné des surcapacités dans l’industrie et l’immobilier au détriment des autres secteurs. L’offre s’est trouvée supérieure à la demande  : trop d’immeubles, de produits industriels qui ne trouvent pas preneur, caractéristique des crises capitalistes de surproduction. Les prix ont baissé, la rentabilité a baissé, la santé financière des entreprises s’est dégradée suivie de celle des banques qui ont prêté sans être remboursées (bulles et crises financières).
Les mesures de 2013 pour freiner l’endettement des gouvernements locaux ont été contournées  : pour refinancer les prêts à échéance non remboursés, il est fait appel au shadow-banking 13 qui passe de 1,5% des emprunts en 2008 à 48% en 2016. Après la stabilisation de 2016-2017, c’est un ralentissement qui induit des mesures de soutien avec une endettement qui repart à la hausse pour atteindre, en 2019, 308,5% du PIB ce qui est soutenable  ; en effet, l’épargne est élevée avec 45,7% du PIB en 2018 parce que les ménages mettent de côté en l’absence d’amortisseurs sociaux 14  ; par ailleurs, l’endettement extérieur est faible (14,4% du PIB en 2018) et la dette des sociétés non financières qui représente 155% du PIB en 2019, est détenue par des entités publiques 15.
En 2002, la Chine représente 8,1% du PIB mondial, les USA 19,8% et l’UE 19,9%. En 2022, elle représente18,8% du PIB mondial, les USA 15,8% et l’UE 14,8%. Pour le commerce international et les activités portuaires, la Chine classe 6 ports dans les 10 premiers et 65% du volume en 2021 contre 25% en 2005. Shang Haï c’est 3 fois Rotterdam en 2021. Un inconnu chinois est 3e en 2021 encore inconnu dans les 10 premiers en 200 16.
Données économiques récentes
(2020-2024).
Développement anarchique, difficultés spécifiques

1- La démographie, facteur humain de la production  : Vieillissement de la population et baisse du taux de natalité
Pour la première fois depuis les années 1960 et le Grand Bond en avant de Mao, en 2020, les décès ont dépassé les naissances. Malgré les efforts du gouvernement, notamment l’assouplissement de la politique de l’enfant unique en 2016, la société chinoise a évolué  : les jeunes sont tout simplement moins disposés à devenir parents. Le vieillissement de la population risque de mettre encore davantage le système de retraite à rude épreuve. Dans une décennie, un tiers de la population chinoise devrait être âgé de plus de 60 ans. Cette tendance suit les normes mondiales  : à mesure que les niveaux d’éducation et de revenu augmentent, les taux de natalité baissent. Les couples aisés sans enfants portent même un nom  : “les sans enfants, double salaire” – SEDS. Les couples SEDS évoquent toute une série de facteurs pour motiver leur décision de ne pas procréer. Dans le cas de la Chine, le coût de la vie est l’une des raisons. Selon un article publié en 2021, le revenu disponible nécessaire pour acheter un bien immobilier est passé de 18,9%, en 1998, à 110,8%, en 2016  ! Enfin, il faut compter avec le coût exorbitant des soins aux personnes âgées et des services de garde d’enfants, facteurs freinant la natalité. 17
Conséquences  : après une diminution de 2 millions l’an dernier (2023), la population repassera sous le milliard 400 millions en 2028. Pour 2050 la projection se situe à 1 milliard 200 millions. Le nombre des plus de 60 ans a atteint 241 millions en 2017, puis 280 millions en 2020 et se dirige vers 420 millions en 2050. Les conséquences seront l’augmentation du prix du travail, la diminution du marché intérieur, et l’explosion des coûts sociaux et donc les délocalisations. 18

2- Déflation et demande intérieure
2023 est une année de déflation. L’indice des prix à la consommation a reculé en novembre de 0,5% sur un an, selon le Bureau national des statistiques (BES). Ce recul est lié aux “fluctuations des prix de l’énergie et de l’alimentation à la baisse”. En octobre, l’indice a connu une baisse de 0,2%. Le BES a également indiqué que les prix à la production ont chuté pour le 14e mois d’affilée, glissant de 3% sur un an, contre 2,6% le mois précédent. 19

3- Chômage des jeunes
Le taux moyen de croissance du PIB réel a constamment chuté au cours de la présente décennie jusqu’à atteindre moins de 5%, après s’être maintenu à 10% pendant une trentaine d’années sur la période 1979-2010. En 2022, la croissance du PIB s’établissait à seulement 3% – le taux le plus faible en près de quarante ans.
Après une croissance médiocre du PIB au deuxième trimestre 2023 (+ 0,5%), l’économie chinoise a montré des signes de reprise au troisième trimestre (+1,3 % par rapport au deuxième trimestre 2023). Le chômage a diminué par rapport au pic de 5,3%, atteint au mois de juillet. Chez les 16-24 ans des zones urbaines, le taux de chômage avait atteint plus de 20%, en juin, avant que la Chine ne décide de cesser de publier les chiffres sur le chômage des jeunes. 20

4- Manifestations d’une économie capitaliste incontrôlée en surproduction sur fond de dettes
1- L’immobilier, de l’expansion sans borne à la chute
De 1996 à 2017, avec des facilités d’emprunts sans limites pour les promoteurs, l’investissement immobilier est passé de 2,5% du PIB à 17% en relation avec une urbanisation rapide concomitante de l’industrialisation et une absence de placements alternatifs (87 % des ménages sont propriétaires et les biens immobiliers représentent 77 % de leurs actifs)  ; les gouvernements locaux dépendent des ventes de terrains pour financer les infrastructures à 40-45% de leurs revenus d’où une anarchie du marché immobilier ce qui a entraîné des bulles immobilières depuis 2005  ; le gouvernement a imposé des mesures restrictives fin 2016 avec pour conséquences, des prix immobiliers en crises cycliques d’augmentation et d’effondrement. Le crédit alloué à l’immobilier a diminué celui alloué à l’investissement productif, ce qui a baissé la productivité et le rendement du capital dans les autres secteurs.
L’importance du secteur immobilier chinois a encore augmenté et en 2023, c’est environ un tiers du PIB (30-33%) chinois, moteur de la croissance. À titre comparatif, en France, le secteur immobilier représente seulement 11%. Aux États-Unis, il n’excède pas les 17%.
Les entreprises immobilières se sont multipliées avec gonflement de l’endettement. Avec les restrictions, la demande en biens immobiliers pique du nez, sur fond de ralentissement économique, de déclin démographique et d’une crise de confiance  : une grande partie des promoteurs immobiliers chinois, les uns après les autres, mettent la clé sous la porte.
Les ménages chinois ont vu leur fortune fondre d’un tiers en quelques mois. La qualité de vie de la population chinoise n’a cessé de se dégrader depuis les dernières années. 21
En 2022, c’est la chute, brutale  : les prix des biens ont baissé de 30 % en un an (un déclin supérieur à celui enregistré lors de la crise financière de 2008). Après avoir chuté de plus de 40 % entre 2021 et 2022, les ventes des 100 premiers promoteurs immobiliers ont ainsi reculé de 8 % supplémentaires au premier semestre 2023. À ce jour, plus de la moitié des 50 premiers promoteurs du marché en 2020 ont fait défaut sur leur dette.
Il y aurait 20 millions de logements en construction, mais jamais terminés en Chine. Ces 20 millions de logements sont donc distincts des 7,2 millions de logements invendus, selon les calculs de Reuters de septembre dernier. Or en l’état, ils sont inhabitables pour leurs acquéreurs (52% des logements vendus, mais jamais achevés). 22
Les plus grands des promoteurs immobiliers ont plongé et nombre de chantiers sont arrêtés, laissant en plan bien des Chinois qui avaient investi leurs économies dans l’acquisition d’un appartement, condamnant au chômage des millions de travailleurs. 60 % des chantiers lancés depuis 2013 n’ont pas été livrés et les lancements de nouveaux chantiers ont été divisés par plus de deux. 23 Plus précisément, les 2 plus grands promoteurs immobiliers chinois ont fait faillite  : Evergrande et Country Garden. 24 L’endettement combiné de China Evergrande et Country Garden s’élève à 500 milliards de dollars. Country Garden, qui a récemment failli au paiement d’une dette d’environ 200 milliards de dollars, compte 400 000 appartements en attente d’achèvement (Evergrande atteignait le nombre sidérant de 720 000 appartements à terminer, fin 2022). 25 Un tribunal de Hong Kong a ordonné, lundi 29 janvier, la liquidation judiciaire d’Evergrande, dans la tourmente depuis 2021 (dette de 328 milliards de dollars (plus de 300 milliards d’euros). 26 Les sous-traitants sont impayés et font faillite.
À court terme, les investisseurs particuliers (privés) pourraient également subir une perte financière sur des produits de “shadow-banking”, puisque les promoteurs se sont tournés vers le système bancaire parallèle (sociétés fiduciaires). Le recul des prix immobiliers pourrait éroder la consommation, les acquéreurs potentiels différeront leur achat, ce qui aura pour effet de freiner la reprise du marché. Au bout du compte, ces effets à moyen terme pourraient s’avérer plus dévastateurs que les pertes immédiates et d’autres formes de destruction de la valeur.
Autre catégorie de victimes de cette crise  : les collectivités locales font désormais face à une chute des recettes fiscales du foncier estimée à plus de 2 000 milliards RMB (250 Mds $ environ) entre 2021 et 2022. Elles sont également lourdement endettées (à hauteur d’au moins 66 000 milliards RMB soit environ 8 000 Mds$ d’après le FMI), de sorte que le gouvernement de Pékin doit gérer une deuxième crise, à la fois liée à la crise immobilière et distincte de celle-ci, et dont les effets seront potentiellement tout aussi dévastateurs. 27
2- Le système bancaire, les finances
Les banques et investisseurs obligataires chinois sont clairement exposés à la crise du secteur immobilier, puisqu’ils en sont les principaux créanciers. Ainsi, les prêts au secteur immobilier totalisent 53 700 milliards RMB (soit environ 7 000 Mds$ près de 30% du total de l’encours de prêts bancaires), soit 38 600 milliards RMB de crédits immobiliers accordés à des particuliers pour l’acquisition de leur logement et 15 100 milliards RMB de prêts destinés à la promotion immobilière, dont 7 000 milliards RMB de prêts directs à des promoteurs. 28
Le conglomérat privé chinois Zhongzhi, un géant de la finance criblé de dettes s’est dit insolvable en novembre  ; il gère plus de 1 000 milliards de yuans (128 milliards d’euros) d’actifs. Les pertes du système bancaire sont estimées à 4 000 milliards de dollars (environ 3 670 milliards d’euros plus que le PIB français de 3 000 Mds €). Elles pourraient dépasser celles de la crise financière de 1929 sur les banques américaines (environ 700 milliards de dollars de pertes). 29

5- Mise en place des conditions de futures crises de surproduction (régionales et mondiales)  : l’automobile

1- Automobiles
Les instances dirigeantes chinoises font tout pour maîtriser les facteurs de la production automobile  : l’acier, les composants électroniques, la main d’œuvre, les machines-outils robotisées et les batteries pour les véhicules électriques. Leurs capacités de production ne cessent de croître en quantité et en qualité.
La production et la vente des productions de l’industrie automobile chinoise ont battu des records en 2023. Selon la CAAM, au cours de l’année écoulée, il y avait 30,26 millions de véhicules produits et 30,09 millions de véhicules vendus, soit une augmentation respective de 11,6% et de 12% par rapport à 2022. 30 En 2023, la production et la vente de véhicules électriques se sont respectivement élevées à 9,58 millions d’unités et à 9,49 millions d’unités, soit une hausse respective de 35,8% et de 37,9% par rapport à l’année précédente.
Les bons chiffres de l’exportation de l’industrie automobile chinoise sont également à relever  : 4,91 millions de véhicules ont été exportés, soit une augmentation de 57,9% par rapport à 2022, classant pour la première fois la Chine au premier rang mondial (devant le Japon). Parmi ces exportations, il y avait 1,2 millions de véhicules électriques, soit une hausse de 77,6% sur un an. En 2024, les ventes totales de véhicules de la Chine dépasseront 31 millions d’unités, dont 11,5 millions de véhicules électriques. 31
Pouvoir vendre tous ces véhicules à l’exportation reste une question qui n’a pas de réponse. Le marché européen a perdu de son attractivité. 32 Il n’est plus porteur pour les véhicules thermiques ou électriques chinois d’autant que les droits de douane vont réduire les avantages sur les prix. Les marchés américains et japonais sont également saturés par la concurrence mondiale  ; l’Afrique, l’Asie du Sud Est, l’Amérique latine ne sont pas actuellement des marchés car les populations ne sont pas solvables.

2- Batteries automobiles
Les batteries automobiles, indispensables pour les véhicules électriques, sont au cœur de la lutte entre puissances pour cette production. Elles nécessitent l’utilisation de métaux rares qu’il faut chercher et exploiter dans les mines puis raffiner afin d’en faire des métaux purs pour les batteries. La Chine s’approprie ces minerais rares, préempte les métaux pour en disposer sur place, ce qui est un problème pour les autres puissances concurrentes. La fabrication est très polluante et émettrice de CO2. Le véhicule neuf sort donc avec une dette en CO2 à rembourser en roulant entre 50 000 et 100 000 km selon la puissance de la batterie. Reste à produire l’électricité nécessaire à leur recharge, ce qui n’est pas résolu.
Selon Global Data, un fournisseur de données industrielles, la Chine est aussi devenue la plus grande source mondiale de brevets dans le domaine des batteries de groupes motopropulseurs de véhicules électriques au deuxième trimestre 2023. Au quatrième trimestre 2023, le constructeur automobile chinois BYD Co a même dépassé l’américain Tesla Inc. pour devenir le plus grand constructeur de voitures électriques au monde. 33 Les besoins en minerais et métaux raffinés pour les batteries automobiles sont donc immenses et objets de convoitise et de concurrence acharnées.

3- Minerais stratégiques  : extraction des minerais bruts 34
Ils sont stratégiques car indispensables dans la défense, l’industrie, l’énergie, l’environnement. Les grandes puissances industrielles sont dans une rivalité économique absolue pour s’approprier soit les minerais soit les métaux raffinés. 35 Dans le cas particulier des batteries, il faut  : du lithium, cobalt, graphite, manganèse, molybdène, nickel.
Les principaux pays sources pour l’extraction sont les suivants  : la Chine (antimoine, germanium, graphite, lithium, molybdène, silicium, terres rares, tungstène, vanadium), les USA (béryllium, cuivre, germanium, molybdène), l’Afrique du Sud (manganèse, palladium, platine), Chili (cuivre, lithium, rhénium), Australie (bauxite, lithium, zirconium), R.D. du Congo (cobalt mais l’exploitant est chinois), Brésil (Niobium). La Chine représente au moins 30% de la production mondiale pour 8 minerais différents et plus de 70% pour 5 autres.
Les ressources propres de la Chine en minerais n’étant pas suffisantes dans l’objectif d’une suprématie mondiale pour 2049 dans les domaines des technologies futures des batteries, voitures électriques, intelligence artificielle etc., la Chine adopte une politique de préemption des ressources mondiales par le biais des IDE (Investissements Directs Étrangers) dans de nombreux pays. (même politique pour les produits agricoles).
En 2020, la Chine est en position dominante et produit entre 45 et 80% des métaux suivants  : tungstène, terres rares, graphite naturel, germanium, silicium, antimoine, vanadium, molybdène  ; ses réserves sont supérieures à 25% pour les métaux suivants  : tungstène, terres rares, graphite naturel, antimoine, vanadium, molybdène. Mais ce n’est pas suffisant pour sécuriser les ressources voire les augmenter, en prévision d’une demande internationale plus forte (les producteurs chinois espèrent vendre tous leurs produits technologiques fabriqués en Chine).
Quels sont les pays cibles des IDE chinois  ?
De 2005 à 2021, les IDE et les domaines sont les suivants  : l’Australie, l’Argentine, le Chili lui fournissent 60% de la production mondiale de lithium  ; la RDC assure ses approvisionnements en cobalt en contrôlant la moitié de la production, indispensable pour les batteries  ; avec l’Afrique du Sud, la Chine s’assure de la moitié de la production sud-africaine de platinoïdes (platine, palladium, iridium)  ; pour les batteries rechargeables, la Chine contrôle le graphite, le manganèse (Chine, mais aussi Brésil, Indonésie, Mozambique)  ; par l’Australie, la Guinée et l’Indonésie, elle contrôle et absorbe 77% de la production mondiale de Bauxite  ; le Brésil qui représente 88% de la production mondiale de niobium, lui en fournit 40%  ; les partenariats avec le Chili et le Pérou lui assurent ses approvisionnement en cuivre et en Afrique (RDC, Zambie et Congo).

4- Par le raffinage et la production de métaux, la Chine rend le monde dépendant  :
En 2022, 80% des métaux nécessaires à la fabrication des batteries automobiles sont transformés en Chine. Mais les étapes du raffinage (traitement, séparation, concentration) sont extrêmement polluantes nécessitant beaucoup d’eau. Partie la plus technique, c’est celle qui ajoute le plus de valeur. La Chine a ainsi éliminé ses concurrents étrangers sur le sol chinois par du dumping économique et environnemental (non respect des normes)  : elle raffine 90% des terres rares du monde alors qu’elle n’en produit plus que 60%. En 2020, la Chine est le premier raffineur mondial pour 11 minerais  : antimoine (67%), bauxite (54), cobalt (67), cuivre (41), germanium (89), lithium (62), manganèse (60), molybdène (38), nickel (32), terres rares (90), vanadium (59)  ; pour le béryllium, ce sont les USA qui sont 1ers avec 50% du raffinage et pour le niobium, c’est le Brésil avec 88%.
Le recyclage (récupération et purification très polluantes) des métaux et terres stratégiques est quasiment inexistant  ; seuls 6 métaux sont recyclés  : tungstène (42%), cuivre (33), antimoine (28), cobalt (22), bauxite (20), nickel (16)  ; pour les autres, on est à quasi 0%. Pour les puissances occidentales, il n’y a pas de solution à court terme, d’autant que l’embargo et le blocage de l’économie russe, fournisseur de métaux stratégiques, constituent un frein supplémentaire.

6- Autres secteurs
D’autres secteurs économiques restent problématiques.
La production agricole insuffisante impose à la Chine une politique de préemption des terres dans les pays étrangers pour disposer de supports nécessaires à l’alimentation de la population, assortie d’une politique d’achat de denrées alimentaires (lait, blé etc.).
La production de téléphones portables et d’ordinateurs est en plein essor et inonde les marchés mondiaux en dépit des rétorsions américaines, occidentales (Huawei par ex.)  ; il reste que le marché n’est pas extensible et le risque de surproduction, puis de mévente est là.
L’économie est capable de produire des TGV pour le marché intérieur et des avions commerciaux qui commencent à concurrencer les marchés des 2 géants (Boeing et Airbus). Les industries d’armement sont en plein essor  : bateaux de guerre, avions, missiles, chars etc., en coopération avec la Russie la Cotée du Nord et l’Iran. Elle a besoin de grandes quantités de micro-processeurs et d’IA qui lui sont refusés par les USA et Taïwan.
Sur le plan énergétique, la Chine continue de produire de l’électricité à partir de centrales à charbon mais elle se tourne vers le gaz et le nucléaire (2 EPR en fonctionnement, plus grand fabricant de centrales avec la Russie) de plus en plus pour des soucis sanitaires. Toutefois, elle vend des centrales à charbon clé en main et du charbon de sa propre production à de nombreux pays d’Asie du Sud-Est et d’Afrique. Elle produit aussi les médicaments pour le monde entier mais, avec, des salaires de plus en plus élevés, elle doit faire face à de nombreuses délocalisations vers l’Asie du Sud-Est notamment. Le marché intérieur est délaissé au profit des industries d’armement, des industries d’exportation et les services publics sont tous payants et donc réservés aux plus riches (santé, instruction, écoles, droit à la retraite etc.). C’est le règne du business et des profits privés contrebalancés par les injonctions et les contrôles du Parti Communiste Chinois.
Les crises sectorielles chinoises peuvent se combiner avec les crises du monde occidental. Les questions stratégiques (économiques, monétaires et militaires) ne sont pas abordées  ; il reste que des alliances anti-occidentales sont nouées dans le cadre des BRICS+, du partenariat avec la Russie et l’Iran, la Corée du Nord et de la Syrie, de l’OCS (accord de coopération de Shanghaï)  ; les tentatives de dédollarisation du commerce sont construites peu à peu etc. L’objectif de la Chine pour 2049 reste la suprématie mondiale mais, sur fond de crises et de bulles financières, les autres puissances installées ou en devenir ne comptent pas laisser la place à la Chine (piège de Thucydide).

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