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Ceux qui veulent détruire l’unité de la République n’exposent pas la volonté de l’ensemble du peuple – Un exemple parmi d’autres  : les séparatismes selon la race ou la religion – Petite revue de presse

 

La crise générale du capitalisme, bien avant la pandémie actuelle, a bouleversé le champ de l’économie, affectant pratiquement toutes les catégories sociales, réduisant les unes à la survie, d’autres au déclassement, et la grande majorité à un sentiment de dépossession au regard de leurs acquis passés. Cela est allé de pair avec une désorganisation déjà ancienne des classes populaires, l’obscurcissement et l’abandon de la perspective de transformation sociale. Ces conditions, comme lors de toutes les périodes de grande crise, ont attisé les facteurs de division au sein de la population, la constitution de factions en lutte les unes contre les autres et contre l’unité du peuple, de la république, de la nation.

Cela fait déjà presque un demi-siècle que la lutte de ces classes tend à se réduire à la défense d’acquis dans le cadre du capitalisme, la défense des intérêts particuliers prenant le pas sur la recherche du bien public. Faute de perspective historique, il faut admettre qu’il était somme toute “normal” que, dans ce cadre, le “sauve qui peut” “chacun pour soi” tende à s’imposer, chaque catégorie s’efforçant de combattre pour ses intérêts propres.

Depuis quelques décennies cependant, la lutte de tous contre tous a pris une autre tournure. Ce ne sont plus les manifestations de luttes particulières sur le terrain social qui tendent à s’imposer. Sur le devant de la scène, à grand renfort de promotion dans les divers médias, on assiste à des combats de type identitaire, qui visent à la partition de l’unité du peuple et de la république, voire au bannissement de fractions de la population par d’autres  : “genre” contre “genre”, identité contre identité, race contre race. Ces entreprises sont le fait de tout petits groupes minoritaires, qui cherchent à se faire passer pour des majorités, et à intimider ceux qui s’opposent à leur entreprise. Des médias, des ­organisations po­litiques, des associations, des syndicats, se font leurs haut-parleurs.

Dans ce qui suit, on donnera, en premier lieu, un aperçu de ces courants, se centrant dans ce numéro sur quelques contenus “racialistes” et “indigénistes” relevés dans la presse. Puis, en second lieu, on laissera la parole à ceux “dont on n’entend pas la voix”, citoyens sans doute majoritaires, attachés au modèle irréductiblement universaliste et émancipateur de la formation historique française, à l’unité et à l’indivisibilité de la République.


I  –  Ceux qui prétendent détruire l’unité du peuple et de la république par la promotion d’identités prétendument religieuses ou raciales

 

Pour faire reconnaître institutionnellement leur qualité de communautés fractionnelles au sein de la nation, des organisations travaillent à se faire exister comme «  victimes de l’intolérance  » sur la base de critères prétendument “ethniques” ou “religieux”. C’est ainsi notamment que procède le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France)  :


« La France refuse à ce jour de reconnaître l’existence de minorités ethniques ou religieuses en son sein […] Il devient urgent pour la France de reconnaître la communauté musulmane (comme d’autres d’ailleurs) comme une des minorités vivant sur son territoire. » [Communiqué du CCIF sur son site, 20 août 2020]

 

Autre illustration  : Pour le Parti des Indigènes de la République (PIR) et sa fondatrice, Houria Bouteldja, les individus seraient ainsi prédéterminés par la religion, l’origine, de leurs parents ou ancêtres, voire la race (les blancs, les pas-blancs). Ceci contre la notion de citoyen, et ce qui va avec, contre le libre-arbitre, l’universel  :


« Le concept d’individu est universel. Qui dit ça  ? Les intellectuels blancs.  » [indigenes-republique.fr, 9 nov. 2016] «  J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’islam. » [Les Blancs, les Juifs et nous, La fabrique éditions, mars 2016, p.72]

 

Il s’agit aussi pour Houria Bouteldja, au nom d’un soi-disant anti-impérialisme, de s’opposer à la modernité, de détruire les formations historiques de nation et d’État républicain  :


« Il faut défaire les structures de la modernité à commencer par celle des États-nations impérialistes. » [indigenes-republique.fr, 9 nov. 2016]

 

Plus précisément encore, il s’agit pour elle de promouvoir la lutte des races contre le principe historique de la lutte des classes et l’unité politique du peuple  :


« Faire la critique de la lutte des classes en valorisant le rôle de la lutte des races.
Or ces structures [États et nations] sont soutenues certes par les bourgeoisies blanches mais également par les classes moyennes blanches et jusqu’à un certain point, d’une manière dialectique, par le prolétariat blanc qui les combat d’un côté mais les conforte de l’autre. » [indigenes-republique.fr, 9 nov. 2016]

 

Enfin, par la voix d’Houria Bouteldja, le Parti des Indigènes de la République, se félicite du travail de sape accompli auprès des “idiots utiles” de la gauche radicale, dans le but de devenir pôle de référence de la Gauche  :


« Maintenant, oui, on est en train de gagner du terrain, tant sur le plan idéologique que politique. Une partie de la gauche radicale débat à partir de nos “postulats” ce qui la divise et la réforme. » [indigenes-republique.fr, 6 juillet 2017]


II  –  Ceux qui défendent la formation républicaine, son universalisme et refusent d’être réduits au rôle de victimes prisonnières d’une identité

 

En écho contrasté à la voix du Parti des Indigènes de la République ou du Collectif contre l’Islamophobie (exemples parmi d’autres), on fait maintenant entendre la voix de ceux qui refusent d’être assignés à une identité, et veulent se poser d’abord comme individus et citoyens. Un grand nombre de ces assignés (à une “origine”, une “couleur”, une “religion”) n’écoutent pas la voix des sirènes qui prônent la division, voire la sécession, sur des bases “d’appartenance” raciales ou pseudo-religieuses.

Donnons en premier la parole à Zineb El Rhazoui, journaliste sous protection policière, qui condamne fermement l’entreprise de subversion menée par ceux qui travaillent à manipuler les populations en fonction de critères pseudo-religieux  :


« Ils ont fait de toi leur chasse gardée, leur fonds de commerce. Ils t’ont expliqué que toi, né en France, tu étais différent et que tu le serais toujours […] Je sais que si tous les hommes sont égaux en droits, ils le sont aussi en devoirs […] Je te montrerai que la France est aussi la Mecque de ceux parmi nous qui défendent les droits humains dans des pays qui les violent allègrement. » [Le Figaro, 25 juillet 2016]

 

Même condamnation par [Fatiha Boudjahlat], une professeure en réseau d’éducation prioritaire. Elle critique au nom de l’intérêt général, la stratégie de ceux qui veulent diviser la société en tentant de pousser à la lutte entre “communautés”, coaliser au nom de la religion  :


«  [La notion de] islamophobie, c’est fait pour créer et coaliser une communauté musulmane […] pour que les gens ne se disent plus “je”, mais “moi musulman, on m’attaque”.  » «  L’intérêt général, c’est pas seulement ceux qui vous ressemblent.  » «  Les motivations de porter le voile […] ne sont pas toutes “communautaristes”. Mais associez-les à de vrais islamistes qui, eux, ont de vraies volontés politiques, qui ont besoin du feu, qui ont besoin que ça brûle […] que ça aille mal. Eux, ont une vraie volonté communautariste.  » [Radio Sputnik, interview, 12 nov. 2019]


Les boutefeux séparatistes prétendent détruire la notion même de libre-arbitre.


« On n’est pas des bébés-phoques. »

 

L’appui d’une partie de la gauche à ces courants de division  :


« La gauche, cette gauche, les gauchistes, ont […] renoncé à l’émancipation individuelle et collective. Ils ont trahi les classes populaires. »

 

C’est aussi l’appartenance à la nation et la citoyenneté française qui est revendiquée, comme le fait Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat assassiné par Merah à Toulouse en mars 2012. Elle intervient auprès des jeunes, des parents, dans des collèges, dans des prisons, pour qu’ils ne soient pas la proie des flatteries identitaires. Elle revendique les «  valeurs républicaines  » et le courage, contre la flatterie identitaire.


« À la morgue, j’ai dit à mon fils  : Imed, je t’ai élevé avec dignité, avec respect, avec les vraies valeurs républicaines, la valeur du pays qui m’a accueilli, qui m’a donné la chance de réussir, et je suis fière d’être Française. » [Libération, 19 novembre 2015]

 

Pour Nadia R ou Linda K. la France constitue leur pays d’élection. Et l’utilisation de l’assignation au statut de victime au prétexte d’une identité relevant d’une origine ou d’une “couleur” de peau est condamnée.


«  Avant même d’avoir la nationalité française, je me sentais déjà Français. La France, elle m’a tout donné.  »


«  Mes parents nous rappelaient régulièrement notre chance d’être nés en France.  » «  Pour certains, être arabe ou Noir, c’est forcément être abonné à la souffrance et au racisme  : où est leur liberté, où est leur choix  ? Nulle part.  »


«  On maintient les gens dans l’idée qu’ils sont des victimes. […] Nos enfants n’ont plus de repères, ils sont déglingués [et même chez les parents] il y a un discours de victimisation.  »

 

Pour Patrice Quarteron, champion du monde de boxe thaï, vilipendé comme traître pour s’être drapé dans le drapeau tricolore après une victoire, les mêmes règles, les mêmes lois, s’appliquent à tous au sein de la communauté française, contre les lois qui prétendent créer des communautés séparées au sein d’une même nation.


« Quand on exprime ostensiblement son appartenance à une communauté, c’est qu’on exclut les autres. Je pars du principe qu’on appartient à une seule communauté  : la communauté française, point-barre. On vit sur les mêmes règles, etc. À partir du moment où on se revendique d’une communauté, je me pose la question  : où ils veulent aller, c’est quoi le but  ? […] Ils veulent se séparer, mettre leurs règles. Ici on est en France. » [FaceBook, 28 juillet 2017]

 

Abnousse Shalmani, journaliste née à Téhéran, elle a connu enfant le régime khomeiniste iranien avant que ses parents ne se réfugient en France. Elle oppose aux principes identitaires fatalistes, l’universalisme libérateur, et dénonce le pseudo antiracisme, “racialiste”.


« Le glissement de la gauche américaine de la dénonciation des inégalités au discours identitaire, qui réduit chaque être humain à son sexe, sa race, sa religion, sans espoir de ne jamais y échapper. […] Cette dérive identitaire est à l’opposé de l’universalisme. [Elle] ne fait que remettre au goût du jour la fatalité de la naissance. Ce qui résonne dans ce discours, c’est la prison de la victimisation et l’essentialisation […] Combattre le racisme en usant d’un vocabulaire raciste n’est pas de l’antiracisme, mais le renouveau de la ségrégation. » [Le Figaro, 12 juin 2020]

 

Vida Azimi. Sa famille quitte l’Iran après l’installation de la république islamique en 1979. Historienne du droit à Paris II et au CNRS. Les flatteries identitaires se posent pour elle comme un contrepoint résultant de l’abandon des objectifs de transformation sociale.


« La Persane que je suis […] n’en peut plus de la sollicitude complice de certaines “élites” et des médias vis-à-vis des manifestations férocement identitaires d’une partie de la population. » [Le Figaro, 21 mars 2018]

 

Enfin, Abnousse Shalmani, estime que la formation historique française porteuse d’universalisme, et de liberté, triomphera des séparatismes de race.


« La culture française est assez riche pour répondre aux séparatistes de la race, elle est assez solide pour résister à la déferlante “antiraciste” qui n’est qu’un racisme déguisé en humanisme. Alors, oui, je crois encore aux vertus de la France universaliste. Sans elle, je ne serais pas celle que j’ai choisi d’être… en toute liberté. » [Le Figaro, 12 juin 2020]

 

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